Nous, citoyens de la France profonde, constitués en home d'accueil touristique rural, considérons que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'arbre sont les seules causes des malheurs de celui-ci et à postériori, des nôtres.
De ce fait, et en vertu des devoirs qui nous semblent primordiaux, nous avons décidé d'exposer, dans cette déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'arbre.
Afin que cette orientation soit constamment présente à l'esprit de nos hôtes, et dans le souci d'une profonde assimilation, nous, famille MATHIS, avons jugé utile d'en informer tout un chacun, dans les conditions les meilleures, en foi de quoi le présent document sera à disposition dans nos chambres d'accueil.
Article 1
L'arbre naît et demeure dans son environnement, sa raison d'être ne pouvant être fondée que sur l'utilité qu'il est censé procurer à l'homme.
Article 2
Le but de notre manifeste est la présentation des droits naturels et imprescriptibles de tout arbre, où qu'il soit situé.
Article 3
La notion de propriété de l'arbre, ainsi que le principe de souveraineté de l'homme, résident essentiellement dans le fait que celui-ci en possède la jouissance. Nul individu ne peut exercer d'autorité entière sur la durée de vie d'un arbre sans en avoir, au préalable, été dûment mandaté par la collectivité publique.
Article 4
La liberté de chaque individu consiste à pouvoir exercer sur l'arbre toute action à condition que celle-ci ne nuise pas au dit arbre ou à son environnement, les limites en étant définies par les us et coutumes des ayants droits.
Article 5
Il est de bon ton, pour tout citoyen de la France profonde, de défendre et de s'opposer à toute action visant à détériorer voire supprimer la vie de l'arbre ou même à modifier, à ses dépens, son environnement.
Article 6
Le respect de l'arbre est la volonté de l'expression générale. Nul ne pourra se prévaloir d'ignorance ou de mauvaise information pour amoindrir ou excuser la faute dont il se serait rendu coupable à l'égard du végétal.
Article 7
La loi de l'homme a établi des peines et autres punitions évidemment nécessaires à toutes les exactions ou délits, mais il reste entendu que le bon sens et la croyance de chacun sauront définir objectivement les bornes naturelles de notre liberté.
Article 8
Toute émanation naturelle de végétaux est présumée utile. En cas de contestation, il demeure certain que c'est à l'homme de prouver la culpabilité du végétal. Toute action visant à enfreindre ou détourner ce principe devra être sévèrement réprimée par la loi.
Article 9
Toutes plantations, semis et autres actions visant à faire croître et développer l'arbre suivant les principes d'organisation préconisés par l'homme seront vivement et utilement conseillés. De par la finalité matérielle de ces orientations, et dans ce cas uniquement, l'arbre sera déclaré coupable pourvu que l'homme en assure son renouvellement par tous moyens à sa convenance.
Article 10
Que ce soit pour son envergure, sa feuillée, son implantation, ou même, ses fruits, aucune charge ne pourra être retenue contre l'arbre, dans la mesure où celui-ci ne trouble pas l'arbre public établi par la loi de l'homme.
Article 11
La liberté d'expression étant un droit fondamental, tout citoyen de la France profonde, ou autre, pourra communiquer librement ses pensées et opinions relatives à son environnement naturel. Toutefois, cette communication, orale ou écrite, ne devra nullement abuser et rester dans le cadre prévu par la loi.
Notre volonté ici exprimée n'est certes point de démunir de son bien tout un chacun, ni de réduire notre espace de liberté.
Il est acquis, de fait, que l'homme poursuit une voie trop souvent opposée à l'organisation naturelle de son environnement et seule sa réflexion profonde peut l'amener à en considérer l'ampleur.
A nos amis, aux amis de la Nature, aux citoyens de la France profonde, avec lesquels nous partageons l'espoir d'une nature grandeur nature.
Rédigé par la famille MATHIS, à Lidrezing, le 14 juillet 1991
Si, comme moi, vous êtes amoureux de la Nature, et des Arbres en particulier, je vous conseille la lecture du livre "Les arbres entre visible et invisible", du professeur Ernst ZÜRCHER (paru en format poche, Editions Acte-Sud) ; cet ouvrage, pas toujours facile à lire, vous surprendra par ses révélations, dont même la Tradition n'avait pas idée. Actuellement, il existe de nombreuses recherches sur les Arbres qui démontrent, sans l'ombre d'un doute, que les végétaux ont une Conscience, et même l'équivalent de notre cerveau, avec une intelligence confondante. Ce sont des Êtres vivants évolués, sans qui nous ne pourrions pas vivre, et qui méritent notre attention et notre respect. Nous avons un très long chemin d'évolution à parcourir avant de comprendre que notre attitude à l'égard de la Nature est absolument inacceptable et qu'elle est à la base de tous nos problèmes…
Guy Boussiron
Les membres du CENH, composé d'experts en éthique, en biologie moléculaire, en sciences de la nature et en écologie, sont tous tombés d'accord sur un point : les plantes ne peuvent faire l'objet d'un traitement arbitraire. Leur destruction indiscriminée est moralement indéfendable. (Cf Stefano MANCUSO, dans sa conclusion de son livre best-seller "L'intelligence des plantes", page 229, Le Livre de poche)
"La tradition chamanique voulant qu'on ne coupe pas un arbre sans avoir demandé à l'esprit de la forêt s'il n'est pas un arbre maître, indispensable à son équilibre, rejoint le concept d'arbre mère mis en évidence par des recherches récentes. Parmi les plus grands et les plus vieux, ces arbres sont généralement les mieux intégrés au mycélium souterrain. Ils sont donc considérés comme indispensables au développement d'une forêt, car ils nourrissent leur progéniture en partageant les nutriments dont les jeunes arbres ont besoin pour bien pousser." (Cf Carine SOMBRUN, dans son livre "La diagonale de la joie", page 267, Editions Albin MICHEL)
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